Trois tondus et un pelé by David Dodge

Trois tondus et un pelé by David Dodge

Auteur:David Dodge [Dodge, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
ISBN: 9782070431564
Google: ckUNNQEACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1950-02-14T23:00:00+00:00


CHAPITRE XIII

La prison était glaciale. Il y avait bien un système de chauffage à l’autre extrémité de la rangée de cellules, mais l’air chaud qui se risquait jusqu’à la cage de Whit restait collé au plafond, tandis qu’un courant froid balayait en permanence le sol cimenté. A cinq heures du matin, l’endroit était paisible. Les ivrognes, parqués dans leur clapier, avaient fini leur concert et, depuis près d’une heure, aucune nouvelle fournée n’avait été déversée dans les locaux. Whit avait une occasion exceptionnelle pour ruminer, s’il réussissait à se tenir éveillé. Il était donc assis sur le bord de sa couchette, les jambes emmitouflées dans l’unique couverture disponible, et réfléchissait sans résultat appréciable.

Soudain il s’écria bruyamment :

— Aspirine !

Il envoya promener sa couverture d’un coup de pied et se mit à arpenter la cellule. Enfin, il marquait un point.

La strychnine se trouvait dans les comprimés d’aspirine et non dans le whisky, c’était évident.

Clayton s’en bourrait et tous ceux qui le connaissaient plus ou moins étaient au courant. N’importe qui pouvait avoir glissé dans sa poche un tube de comprimés empoisonnés. Il ne s’agissait plus ensuite que d’attendre et le tour était joué. Et c’était bien plus sûr que d’agir au dernier moment. Il devenait possible de rester tranquillement sur les lieux et le regarder clamcer sans même s’approcher de lui. On pouvait même hurler en le voyant s’effondrer comme l’avait fait Gwen.

Whit continuait à déambuler en rond, tout content de son flair quand une odeur de tabac lui chatouilla les narines. Il se souvint brusquement qu’il n’avait pas fumé une seule fois depuis l’irruption des flics dans la chambre d’hôtel et le voyage en panier à salade.

Il plaqua machinalement ses mains sur ses hanches. Pas de cigarettes ; rien. On lui avait soigneusement fait les poches, mouchoir inclus, avant de le boucler. Mais quelque part dans la prison, un type fumait et il crevait d’envie d’en faire autant. Le meurtre de Clayton pouvait attendre. Il se mit à renifler avidement. Seul le devant de sa cellule était garni de barreaux ; les trois autres parois étaient de solide béton.

Dans la cage qui lui faisait face, Jack Morgan, roulé en boule sur sa couchette, roupillait profondément et aucun signe de vie ne semblait émaner des cellules contiguës à la sienne. La source de fumée devait venir du côté où se trouvait Whit, et très près de lui. Peut-être Laski à sa gauche, ou Storey à sa droite, avait-il des cigarettes. Whit préférait crever plutôt que de taper Laski.

II s’approcha de l’angle droit de sa cellule, passa le bras entre deux barreaux et heurta légèrement de la main la grille voisine.

Il y eut un bruit de pas de l’autre côté du mur.

— Hé ? fit Storey à mi-voix.

Whit ouvrit la main et agita les doigts.

— T’as des cigarettes ?

Storey ne répondit pas. Whit sentit quelque chose au creux de sa main, la referma et baissa les yeux ; trois Chesterfield impeccables et quelques allumettes de cuisine.

— Merci, dit-il avec émotion en glissant deux des cigarettes et toutes les allumettes sauf une dan sa poche intérieure.



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